Namgalie nam vulikie hale halele Ongojou !
En septembre 2019 a eu lieu la 3e édition de « C’est mon patrimoine ». Ce dispositif mis en place par le Ministère de la Culture a pour objectif de permettre un accès plus égalitaire à l’art et la culture durant les vacances d’été, notamment aux jeunes issus des quartiers populaires. À cette occasion l’ARLL a choisi de mettre en valeur le patrimoine du village d’Ongojou dans la commune de Dembéni par le biais des contes et récits de l’océan Indien. Vingt jeunes ont découvert l’Histoire de leur village, une histoire étroitement liée à la thématique de l’eau. En effet, le précieux liquide fut un défit majeur à relever pour pouvoir construire la cité à son emplacement actuel. Ce projet à été réalisé en deux phases : en premier lieu un travail d’investigation archéologique et la collecte des contes et récits auprès des anciens du village, puis, dans un deuxième temps, la mise en images de ces récits dans des fresques réalisée sur les murs publics du village, avec l’aide du street-artist Seb Toussaint.
Ce projet à été soutenu par la Direction des Affaires Culturelles (DAC), la Préfecture de Mayotte et la Direction Régionale de la Jeunesse du Sport et de la Cohésion Sociale (DRJSCS).
Contes et récits
La première phase du projet a été une expédition archéologique à travers le village qui a permis de mettre à jour les ruines des bassins et châteaux d’eau réalisés à l’époque dans différents lieux du village afin d’y acheminer l’eau. Un ancien lavoir a également été visité.
Armés de téléphones pour enregistrer les histoires, les jeunes ont eu pour mission d’aller à la rencontres des anciens du village – gardiens de la mémoire collective – pour en apprendre davantage sur l’histoire de la réalisation de ces bâtisses, mais aussi pour collecter contes, mythes et récits en rapport avec le puits originel, le premier point d’eau qui a permis l’établissement des premiers villageois d’Ongojou. Les jeunes ont ensuite travaillé à la réécriture et à la mise en forme des histoires qu’ils avaient collectées.
Ils ont ensuite choisi cinq histoires, en lien avec cinq lieux symboliques, afin de tracer un circuit conté à travers le village. Seb Toussaint est venu deux semaines en août 2019 afin de les accompagner dans la réalisation des cinq fresques qui symbolisent chaque récit.
Le street-art pour s'exprimer
Dans le cadre de son projet Share the word qui signifie « partager le mot », Seb Toussaint a invité les jeunes à choisir pour chaque conte un mot emblématique. Chaque terme retenu a ensuite fait l’objet d’une fresque colorée réalisée par les jeunes et Seb Toussaint. Pour les jeunes, ce fut un premier contact avec le street-art et de l’art moderne ; une expérience qui les a fortement et positivement marqués.
La première fresque se trouve sur la façade de la Maison Pour Tous d’Ongojou ; le lieu privilégié d’accès à la culture avec sa bibliothèque municipale et sa salle de spectacles. C’est aussi un lieu d’interaction sociale pour les jeunes du village. La deuxième fresque se trouve sur un des châteaux d’eau à côté des ruines de l’ancien lavoir du village. La troisième se trouve sur une maison à Kardjavindza, un quartier nouveau au contexte social difficile où vit la plus part des jeunes. La quatrième se trouve à côté de l’ancien puits du village : unique source d’eau avant l’arrivée du réseau hydraulique. La cinquième et dernière fresque se trouve sur le mur du plateau de basket-ball ou les jeunes se retrouvent pour se défouler avec des activités physiques.
Journées Européennes du Patrimoine :
entre visuel et oralité
Le samedi 20 et dimanche 21 septembre 2019 se sont tenues les Journées Européennes du Patrimoine. À cette occasion, les jeunes ont proposé deux visites contées à travers le village, au rythme des récits qu’ils avaient collectés et des fresques.
Samedi 20, au soir, s’est tenu le concert du groupe Kilimandjaro d’Ongojou avec leur chanson phare « Majiya Ongojou ya fouraha na baraka » qui célèbre l’arrivé de l’eau dans le village. Les jeunes ont découvert pour la première fois ce groupe qu’ils ne connaissaient pas et qui s’est d’ailleurs reformés pour une unique soirée. Ils ont découvert une autre partie du patrimoine du village. Les habitants d’Ongojou ont répondu présents pour chanter et danser une bonne partie de la nuit au son du Gabusi et du Mkayamba, entre joie et nostalgie.